Hydratation de la peau : Hydrater ou Nourrir ?

Comment préserver cet interface d’échanges mais aussi de survie qu’est la peau, à la frontière de deux mondes distincts (notre corps et le monde extérieur) ?
COMMENT CET INTERFACE FONCTIONNE T-IL?
Notre peau : une barrière protectrice, douée !
L’une des fonctions majeures de la peau est d’assurer un rôle d’échanges, mais aussi de « barrière protectrice », qui se doit d’être douée d’une grande adaptabilité et réactivité, face aux agressions physiques, chimiques, microbiologiques du monde extérieur… Elle sait mettre en jeu des mécanismes régulateurs, qui vont concourir à notre homéostasie interne (protection de notre milieu interne), alors que l’environnement extérieur nous impose des variations, que nous ne contrôlons pas forcément.
Deux acteurs principaux, de cette barrière cutanée : le Stratum Cornéum et l’Eau !
-le Stratum Cornéum : la couche épidermique de l’Extrême !
Le Stratum Cornéum, couche la plus superficielle de l 'épiderme, est celui qui est en première ligne, au front. Il est généralement schématisé comme un mur de briques, solidifié avec du ciment, mais il est bien plus profilé comme une armure en cottes de maille.
Les briques, cornéocytes à paroi rigide, sont des cellules dérivées du kératinocyte (constituant principal de l’épiderme). Elles vont assurer leur cohésion, en un ensemble protecteur "cuirassé", mais déformable grâce au déploiement de filaments d’ancrage.
Dans le ciment inter-cornéocytes, se trouve une matrice hydrophobe essentielle, lamellaire, riche en lipides : acides gras libres, cholestérol, céramides…Le rôle de cette matrice, outre un rôle dans la cohésion cellulaire, est de diminuer la perte d’eau passive trans-épidermique ( dite Perte Insensible en eau, qui n’a rien à voir avec la transpiration), en « repoussant » l’eau vers l’intérieur de l’épiderme, comme un parapluie inversé.
Si la peau est très déshydratée, le stratum cornéum peut ne pas éliminer en surface, les cornéocytes morts, pour « carapacer » la peau, et freiner encore plus la perte hydrique : c’est le fameux aspect de « peau de crocodile » témoin des peaux très sèches.
-ET l’eau! Sans eau, pas de vie possible...
La peau contient 70 % de l’eau totale du corps humain, qui lui-même est composé à 70 % d’eau. Le derme dans son ensemble, pèse 7à 8kg, rien qu’en eau !
L’eau arrive dans la peau, par la circulation générale présente dans le derme et l l’hypoderme.
C’est l’acide hyaluronique principalement, présent dans le derme, qui va jouer, en quelque sorte, le rôle de nappe phréatique de la peau : il va pouvoir stocker l’eau corporelle et la restituer selon les besoins, comme une véritable éponge. L ‘eau est emprisonnée dans une « gelée » dermique semi-fluide.
A l’étage au-dessus, dans l’épiderme, il y a des chadocks ou facteurs hygroscopiques endogènes, qui prennent le relais, pompent, pompent, et absorbent l’eau, et la maintiennent dans l’épiderme : ce sont le glycérol, l’acide hyaluronique épidermique, le NMF (natural moisturing factor), les aquaporines…Environ 70% de cette eau absorbée, se trouve sous forme libre, mais plus on monte en surface, plus elle diminue par évaporation.
En fait dans la vraie vie, c’est beaucoup plus complexe que ça : la circulation de l’eau dans le derme, puis l’épiderme, selon un gradient de diffusion, fait appel à des systèmes particulièrement fins de régulation cellulaire, ionique, et enzymatique !
L’eau de l’épiderme a un rôle fondamental pour le fonctionnement des cellules kératinocytaires, la charpente et la cuirasse de notre épiderme. C’est elle, qui associée à la matrice lipidique intercornéocytaire, contribue à la souplesse, à la plasticité de notre peau.
C’est ce fameux film « hydro-lipidique », si essentiel à la sensation de confort de notre peau.
MALHEUREUSEMENT CE SYSTEME VIEILLIT !
Les facteurs environnementaux (soleil, conditions climatiques, pollution, tabac, alimentation déséquilibrée, sédentarité...), les facteurs hormonaux, la génétique, le stress, ont un réel impact sur l’évolution de la texture, de la qualité de notre peau.
Ils altèrent la fonction « barrière » de notre épiderme, en attaquant ses précieux constituants : la peau perd peu à peu son eau, et se déshydrate, se flétrit. La couche cornée s’amincit, et devient plus vulnérable, plus perméable à l’évaporation de l’eau, mais également à la pénétration d’agents extérieurs. Le film hydro-lipidique se désagrège.
QUELLE CREME FAUT-IL CHOISIR ?
Que doit-on attendre d’un soin cosmétique dit « hydratant » ?
---C’est celui, qui va limiter la perte en eau de notre peau, renforcer la fonction barrière de l’épiderme, réparer le film hydrolipidique, grâce à des corps gras, qui vont cimenter l’espace entre les cornéocytes (agents émollients) ou sous forme d’un film gras, qui va recouvrir la couche cornée (agents occlusifs).
-C’est celui, qui va augmenter la teneur en eau de notre épiderme, en captant l’eau, de la profondeur vers la surface de l’épiderme (agents humectants)
Sa formulation, est souvent un mix de ces 3 composants structurels. Avec la meilleure compréhension du fonctionnement de notre peau, on peut de nos jour proposer des molécules actives plus ciblées .
Aux classiques formules Huile/ Eau ou Eau/Huile, se sont rajoutées des formulations plus complexes (micro-émulsions…) dont les destinations seront différentes en fonction de la sévérité de l’atteinte cutanée, ou de notre type de peau (tendance mixte, grasse, ou sèche )
N’hésitez pas à demander conseil à votre dermatologue.
Finalement, dans une crème hydratante, ce qui hydrate surtout, et cela peut paraître paradoxal, ce sont les corps gras qu’elle contient !